Cette semaine la communauté internationale a été particulièrement choquée par l'attaque contre le journal satirique de Charlie Hebdo et les attentats terroristes dans la capitale Française. En quelques heures le mot dièse jesuischarlie# s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux du monde entier. Alors qu'à l'origine il s'agissait d'exprimer le désarrois d'un artiste Parisien à titre personnel, ce slogan est désormais devenu le mot de ralliement du monde libre face à la barbarie. Le journal le Monde revient sur ce phénomène :
article du monde
l est, lui aussi, l’un des hommes les plus « recherchés » du pays, en tout cas par les médias de France, mais aussi d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, « de la Terre entière », dit-il… Joachim Roncin, 39 ans, est le créateur du slogan « Je suis Charlie » qui, depuis l’attentat terroriste commis mercredi 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo, a été repris 3,4 millions de fois à travers le monde en signe de soutien aux caricaturistes assassinés. Il est ainsi devenu, en quelques jours, l’un des hashtags les plus populaires de l’histoire de Twitter.
Hasard qui n’en est pas complètement un, Joachim Roncin travaille lui aussi dans un hebdomadaire, en l’occurrence le gratuit Stylist, distribué à 450 000 exemplaires à la sortie des bouches de métro parisien. Il en est le directeur artistique depuis sa création il y a deux ans. Si cette publication chic, financée uniquement par la publicité, ne présente aucun point commun avec Charlie, son maquettiste en chef n’en a pas moins ressenti le besoin impérieux d’exprimer son indignation en tweetant quelques mots – trois – une demi-heure après l’annonce du carnage.
« Ce slogan m’est venu naturellement »
« Nous étions en conférence de rédaction quand un de mes collaborateurs nous a appris qu’il y avait eu une fusillade dans Paris, raconte-t-il. Nous nous sommes précipités sur les fils d’actu de nos ordinateurs. J’avais l’impression d’avoir été visé par cet attentat, comme tout le monde. Etant donné que je suis quelqu’un qui travaille dans l’univers de l’image, j’ai préféré symboliser ma peine plutôt que de l’exprimer. Ce slogan m’est venu naturellement. J’ai écrit “Je suis” avec la typo de notre magazine, et j’y ai accolé le logo de Charlie Hebdo. C’est tout. »
Les réseaux sociaux ont fait le reste. Cinq heures après la publication de son ultracourt message (15 caractères) sur son compte Twitter – qui affichait alors 500 abonnés (contre 4 400 aujourd’hui) – des dizaines de milliers de personnes défilaient à Paris et en province en scandant sa formule ou en la brandissant sur des feuilles imprimées. Le fait de compter la journaliste de TF1 Valérie Nataf (24 000 abonnés) et le comédien Sylvain Quimène alias Gunther Love (35 000 abonnés) parmi ses followers a très certainement contribué à sa fulgurante propagation. « Ça a été le vertige ! », s’en épate-il encore.
« Cela ne m’appartient plus »
Féru de pop culture, Joachim Roncin jure n’avoir rien calculé ni anticipé en lançant ce message dans l’immensité numérique comme on lance une bouteille à la mer : « C’était totalement spontané. » La célèbre phrase prononcée par John Fitzgerald Kennedy en 1963 sur le balcon de l’hôtel de ville de Schöneberg – « Ich bin ein Berliner » – sommeillait probablement quelque part dans son inconscient, mais rien n’est est moins sûr non plus : « Je n’y ai pas pensé en trouvant ce slogan », affirme-t-il encore
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