http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2014/10/10/010-conference-medias-francophones-avenir-montreal.shtml
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Dans un monde médiatique en plein bouleversement, les médias francophones sont réunis à Montréal pour se pencher sur leur avenir. Comment maintenir leur influence dans le monde? Leurs regards se tournent vers la création de partenariats et le marché africain.
Un texte de
Catherine François
Les responsables de grandes entreprises de presse provenant de 18 pays issus de la Francophonie se sont rassemblés jeudi et vendredi dans la métropole québécoise dans le cadre d'une conférence sur l'avenir des médias francophones.
Cette conférence est une première du genre, et constitue une rare occasion de faire le bilan de l'état de santé des médias francophones dans le monde.
Le constat est simple : les médias sont en crise, surtout dans les pays occidentaux. La presse écrite, la radio et la télévision, personne n'est épargné par les nouvelles habitudes de consommation du public, qui leur impose des changements majeurs.
L'ouragan internet déferle sur la sphère médiatique, rendant caducs les modèles traditionnels des médias. Le tirage papier des quotidiens baisse d'année en année, même au sein des journaux les plus prestigieux. Quant aux bulletins de nouvelles télévisés, ils voient leur auditoire diminuer tout autant.
Le public est pourtant plus que jamais avide et consommateur d'informations. Mais ses habitudes ont changé drastiquement. Il consomme l'information autrement, sur son téléphone intelligent, sa tablette ou encore son ordinateur, à l'heure qu'il le veut. Fini l'écoute fidèle du téléjournal le soir dans son salon... L'information télévisée doit se réinventer.
Le monde des médias est donc en pleine transformation, et vit actuellement une sorte de transition entre les modèles du passé et ceux de l'avenir.
Le point de vue de Guy Crevier
Le marché africain
Dans le cas spécifique des médias francophones, l'enjeu est important : ils doivent maintenir leur sphère d'influence dans le monde, car ils sont les vecteurs de la langue française et, par le fait même, de sa vitalité.
Clément Duhaime, l'administrateur de l'Organisation internationale de la Francophonie, croit que le partenariat est fondamental pour assurer le rayonnement des médias francophones, et en particulier sur le marché médiatique africain qui, contrairement au marché occidental, est en plein boom.
L'Afrique, qui va devenir le plus important réservoir de locuteurs francophones dans le monde au cours des prochaines décennies, est en train de rattraper son retard technologique, notamment en accédant progressivement à la télévision numérique par câble ou satellite.
Les médias francophones doivent prendre leur place dans ce nouvel eldorado médiatique et séduire cette jeunesse africaine sur laquelle va reposer une partie de l'avenir de la Francophonie. Déjà plusieurs réseaux, comme TV5 Monde ou Canal Plus, ont pris le virage africain, mais le marché est aussi convoité par de grands groupes de presse anglophones.
L'enjeu africain est donc vital pour les médias francophones. C'est d'ailleurs l'une des principales conclusions tirées après les deux jours de la conférence montréalaise.
Un rapport sera d'ailleurs produit à l'issue de la rencontre, puis présenté à l'Organisation internationale de la Francophonie, qui l'intégrera dans ses grandes orientations pour les années à venir.
Le point de vue de Sylvain Lafrance
L'exemple de Radio France
À L'heure du monde, Mathieu Gallet, le nouveau président-directeur général de Radio France à seulement 37 ans, a expliqué son envie de prendre les rênes de ce grand groupe public par le besoin de relever « le défi de la transformation » d'une structure publique historique, à l'heure du numérique et de la concurrence médiatique accrue. Mathieu Gallet compte mettre en œuvre trois gros chantiers durant son mandat.
Il souhaite tout d'abord « relever le défi de la concurrence à laquelle est soumise la radio publique » en France, avec les stations privées et les chaînes télévisées d'information continue. « Immédiateté et réactivité », voilà ce qui doit transparaître sur les ondes des sept chaînes de Radio France, a expliqué son patron. Comment? En misant sur le numérique pour enrichir la radio. « Nous voulons plus de radio visuelle, pour conquérir un public plus jeune ». C'est le deuxième défi identifié par Mathieu Gallet, qui a d'ailleurs confié prendre exemple sur Radio-Canada. « Il faut toujours échanger, voir les bonnes pratiques des uns et des autres et les adapter, bien sûr, à son propre pays ».
Dernier défi, enfin, rappelé par le patron de Radio France : « un enjeu marketing », avec cet objectif affiché de « renforcer l'identité, la marque Radio France ». Notamment par une « présence renforcée sur les réseaux sociaux ».