Ces Africains stars d'Internet
Entre l'Europe et l'Afrique ils font rire sur Internet par leurs parodies et leurs facéties. Le monde revient sur le phénomène des amuseurs numériques originaires d'Afrique :
Ces jeunes humoristes africains nés sur les réseaux sociaux
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« Comprenez mes émotions ! », « Je suis plus kleur kel », « Equilibre », « Bosinto de la Noche » ou encore « Ouais, c’est bon » avec l’accent congolais sont autant d’expressions, de signatures linguistiques pour se différencier et imposer sa marque sur la Toile. Le but étant, bien sûr, de susciter le rire et de créer le buzz.
Jaymaxvi, Dycosh, Noah Lunsi et Redouane Béhache ont une façon de parler qui leur est propre. Chacun dans sa sphère, ils détournent des expressions courantes à leur guise. Une méthode prisée par les célèbres humoristes Jamel Debbouze et Gad Elmaleh.
Mais il ne faut pas seulement divertir le public : il faut réussir à le fidéliser. Et cela passe par des méthodes choc. C’est ainsi que l’humoriste d’origine congolaise Jaymaxvi, 20 ans, découvert sur la plateforme Vine l’été 2013, a créé le personnage de Tantine Dafalgant : une jeune femme délurée, incontrôlable et sarcastique qui invente en permanence de nouvelles expressions, donnant encore plus de couleur et de chaleur à la langue française. L’un des sarcasmes favoris de Tantine Dafalgant : « Ta tête, on dirait des fesses carrées ». Ça ne veut rien dire, mais ça marche ! À tel point que l’humoriste est suivi par 485 000 fans sur Facebook, dont une majorité de jeunes entre 12 et 18 ans.
Noah Lunsi, autre humoriste d’origine congolaise, s’adresse quant à lui à un public plus âgé : celui des trentenaires. Dans ses sketches, Noah Lunsi dépeint les différentes étapes des relations de couple : les premiers SMS, la première fois, les mensonges et les infidélités… Des thèmes qu’il évoque avec un accent espagnol un peu emprunté en répétant souvent une expression de sa propre invention : « Bosinto de la noche » (littéralement « bosseur de nuit »).
« Le moment où tu travailles la fille mentalement. Tout le monde s’y retrouve, car on est tous des Bosintos. Il y a toujours un temps d’adaptation avant de se mettre avec quelqu’un », explique Noah Lunsi qui a inventé une formule toute particulière pour imager l’acte sexuel : la levrotine, « levrette-levrotine, inutile de faire une traduction ! », explique-t-il un peu crûment. « Le plus gros du travail, c’est d’amener la chose à ce que ça devienne banal, que ça fasse rire et que ce soit un mot utilisé tout le temps », ajoute le jeune homme qui a découvert sa fibre humoristique en postant des vidéos sur Vine en 2014. Aujourd’hui, il revendique 110 000 fans sur cette plateforme.
Redouane Behache, le plus congolais des Algériens
Redouane Behache, acteur franco-algérien de 30 ans est le tout nouveau qui grimpe sur la Toile. Il ponctue, depuis janvier 2015, chacune de ses interventions sur YouTube pas un savoureux « comprenez mes émotions ». Cette réplique de Mobutu Sese Seko, renvoie à une allocution qu’il a prononcée le 24 avril 1990 et restée mémorable.
« Ému » à l’idée de rétablir le multipartisme, l’ex « roi » du Zaïre versa une larme en achevant son discours par « comprenez mon émotion ! ». Aujourd’hui, sortie de son contexte, cette citation fait le succès de Redouane Behache qui a créé le personnage un peu fantasque de Pitchou de Castelbajac, un sapeur éloquent, mégalo et mythomane.
L’artiste, né de parents Algériens, parle couramment le lingala, cette langue populaire et véhiculaire dans les deux Congos qu’il apprise aux côtés de copains de jeunesse et lors de ses nombreux voyages à Kinshasa.
Equilibre de Dycosh, le sapeur
Toujours pour tourner en dérision l’univers des sapeurs, ces ambianceurs et personnes élégantes de Kinshasa, Equilibre de Dycosh, un comédien de 26 ans, multiplie les vidéos. Le personnage est un gars qui arbore des costumes couleur «fraise tagada » et qui passe son temps à énumérer les marques de grands couturiers, forcément hors de prix, alors que son frigo est désespérement vide.
Equilibre de Dycosh et ses amis, El Tchoko et Mahmoud Atlas, distillent des détails qui font mouche sur l’envers du décor de la sape. La dernière vidéo « Sapologie », publiée début mars, totalise déjà plus de 215 000 vues.
La chorégraphie de la vidéo a même été « validée » par le chanteur et sapeur congolais Papa Wemba et par le joueur de tennis Gaël Monfils.
Amanda Winnie Kabuiku
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