Le développement des médias francophones en afrique
L'Afrique est aujourd'hui le centre de la francophonie internationale. Même si le niveau de vie y est bas, la croissance y est forte et la population augmente rapidement. De nombreux médias et instituts culturels des pays francophones du nord s'intéressent donc tout naturellement à ce continent pour y développer le secteur des médias et de la culture.
http://www.lapresse.ca/arts/medias/201407/29/01-4787613-lafrique-eldorado-des-medias-francophones.php
Selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), le nombre de francophones sur la planète pourrait passer de 220 millions à 700 millions d'ici à 2050. Si ces chiffres se concrétisent, on évalue que 85 % des francophones vivront sur le continent africain (pour l'instant, les Africains comptent pour environ 50 % des francophones).
Si on ajoute à cela l'effet d'entraînement de cette croissance sur l'urbanisation, on comprend que l'Afrique représente un extraordinaire marché pour les médias qui cherchent de nouvelles sources de financement.
«À l'heure actuelle, l'Afrique, c'est le Klondike, note Yves Bigot, PDG de TV5 Monde, joint par téléphone. Toutes les entreprises y sont et veulent profiter de cette extraordinaire croissance qui fait rêver.
Les Chinois l'ont compris il y a déjà longtemps. Très présents sur le continent depuis plusieurs années, ils investissent massivement dans les médias africains, qu'ils soient de langue française ou anglaise. Quelques exemples: la Chine détient des parts dans la plus grande chaîne de journaux en Afrique du Sud ainsi que dans un fournisseur de télévision par satellite sud-africain. La radio d'État chinoise possède trois stations de radio FM, et sa radio AM couvre tout le Kenya. Quant à l'agence de presse Xinhua, elle compte 30 bureaux sur le continent.
«C'est l'acteur le plus important à l'heure actuelle, tant du côté francophone qu'anglophone, souligne Yves Bigot, qui se rend en Afrique environ deux fois par mois. Mais ils vont bientôt être défiés par de nouveaux acteurs comme Al-Jazira, qui a aussi des vues sur la région. Nous-mêmes avons vu plusieurs nouveaux compétiteurs francophones arriver au cours des derniers mois.»
«Jacques Attali nous l'avait prédit, note pour sa part Sylvain Lafrance, ancien patron de Radio-Canada aujourd'hui professeur associé et directeur, Pôle médias, à HEC-Montréal. Il y a cinq ans, il était venu donner une conférence à Radio-Canada et, déjà, il parlait de l'Afrique et de ses possibilités. Depuis quelques mois, les médias français réalisent à quel point le nouveau contexte est économiquement intéressant.»
Sylvain Lafrance organise justement un colloque qui portera sur cette question en octobre, dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier. Intitulé Médias et francophonie: modèles d'affaires et nouveaux publics, il portera notamment sur l'émergence du marché africain.
Et le Québec?
L'industrie des médias d'ici saura-t-elle tirer parti de cette nouvelle avenue? Radio-Canada n'a même plus de correspondant en Afrique. Y a-t-il vraiment un intérêt pour le continent africain? «Il y a des Québécois sur le terrain, affirme Sylvain Lafrance. Et le Québec a déjà eu une école de journalisme à Dakar. Aujourd'hui cette école n'existe plus, mais plusieurs consultants collaborent avec les Africains.»
Nos émissions connaissent de beaux succès à l'étranger, mais peut-on imaginer un jour où les Africains regarderont une série signée Fabienne Larouche ou Isabelle Langlois?
«Les Africains aiment beaucoup regarder les séries africaines, observe Yves Bigot, de TV5 Monde. C'est l'effet miroir. Ils aiment aussi beaucoup le cinéma américain. Je vous mentirais si je vous disais que les bulletins de nouvelles québécois battent des records d'auditoire, mais ils aiment beaucoup vos documentaires.»
«Il n'y a pas que les contenus, il y a aussi les formats et le savoir-faire», remarque pour sa part Sylvain Lafrance, qui estime que le Québec peut très bien trouver un créneau en Afrique
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